Un film 16 mm transparent est projeté sur un écran blanc. Au début était la crise. Suite à l’annulation soudaine d'un tournage à l’étranger juste avant le départ, je suis bloquée là. Comme un jeu de dominos où chaque pièce qui tombe entraîne la chute de la suivante tout se ferme, se fige. Pour une durée indéterminée. Sensation indescriptible de vide qui ne se remplit pas. L’impression que je ne devrais pas être là, plus rien n’avance. Blocage, paralysie.
Une image vide. La pellicule vierge reflète un néant. Mais à mesure que le film passe dans le projecteur, des éléments apparaissent – faits d'éraflures et de poussières – générant de nouvelles formes, ouvrant de nouvelles interprétations, de nouvelles perspectives, de nouveaux possibles. Lentement quelque chose. Le rien n’existe pas.
Remake involontaire de ‘Zen for film’ de Nam June Paik, lui-même inspiré de 4'33 de John Cage, pièce muette. Coïncidence mathématique : 4133 est le nombre d’images sur une bobine 16mm de 30.5 mètres.